Découverte(s)
Hector Michaut, le maître oublié de l’École de Nancy
Nancéien d’adoption, Hector Michaut travaillera aux côtés de Louis Majorelle et d’Eugène Vallin avant d’ouvrir son propre atelier à Nancy puis à Paris. Mais de cet ébéniste de talent, grand oublié de l’Art nouveau, on ne savait pas grand-chose. C’était sans compter la Société Lorraine des Amis des Arts & des Musées et la Ville de Vandœuvre-lès-Nancy qui lui consacrent dès le 7 octobre une grande exposition à la Ferme du Charmois.
Sur la photo en noir et blanc, il pose devant une armoire dont les portes vitrées le reflètent. Vêtu de son grand tablier, chapeau sur la tête, sa barbe fournie laisse paraître un sourire amusé. « Hector Michaut était sans aucun doute un peu cabotin, aimant se mettre en scène ainsi dans des photographies amusantes », souligne Bernard Ponton, président de la Société Lorraine des Amis des Arts & des Musées. De l’ébéniste passé par les ateliers de Majorelle et Vallin on connaît peu de chose. « Il est souvent arrivé que dans des ventes aux enchères, des meubles de Michaut suscitent des interrogations sur son appartenance à l’École de Nancy », ajoute Bernard Ponton. Alors pour le centenaire de sa mort, la Société Lorraine des Amis & des Musées (La SLAAM) a souhaité consacrer une grande exposition à cet ébéniste oublié de l’Art nouveau.
Désiré Hector Michaut est né à Noyers-sur-Serein (Yonne) le 21 avril 1874. Ébéniste de formation, il accomplit son service militaire à Nancy dans un régiment de ligne. Il y découvre alors l'École de Nancy et son renouveau artistique.
Une fois ses obligations militaires achevées, Michaut entre comme ébéniste chez Louis Majorelle puis chez Eugène Vallin. En parallèle, et dans le but de se perfectionner en dessin, il suit des cours à l'École des beaux-arts de Nancy. En 1906, tout juste marié, Hector Michaut ouvre son premier atelier rue Charles III, avant de le déménager quai de la Bataille et d’embaucher Victor Guillaume, ancien sculpteur chez Vallin. En 1912, il devient, avec son épouse Paule, l’heureux père d’une petite Gineth et installe son dernier atelier nancéien 8 rue des Fabriques. Mais la Première Guerre mondiale l'oblige à fermer ses ateliers. Après le conflit, il décide de s'installer à Meudon où il ouvre une grande entreprise de mobilier, avant de déménager pour la rue Chardon-Lagache à Paris.
Au tout début des années 1920, son style et sa pensée évoluent en prévision de la grande Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Mais il décède des suites d’un AVC le 25 mars 1923.
Le centenaire de sa mort est l’occasion de (re)découvrir son œuvre injustement oubliée. L’exposition qui s’ouvre le 7 octobre à la Ferme du Charmois à Vandœuvre présente une vingtaine de pièces de mobilier et plus de 80 œuvres photographiques, des objets et des projets dessinés. « Nous avons travaillé à partir d’archives et notamment de documents familiaux. Hector Michaut est reconnu par les spécialistes pour la haute qualité d’exécution de son mobilier », souligne M. Ponton. Émule d’Eugène Vallin, ses réalisations en portent fortement les caractéristiques. Chez Majorelle, Hector Michaut s’inspirera de son dynamisme commercial pour créer des ensembles mobiliers adaptés aux évolutions de la mode. « Il était d’un esprit indépendant et très libre. Cela se retrouve dans les productions que nous montrons au public pour la première fois » ajoute le président de la SLAAM. L’exposition a reçu l’aide précieuse des trois arrières petits-enfants d’Hector Michaut, à savoir Paul qui réside à Nancy et Anne et Isabelle, toutes deux musiciennes et professeures au Conservatoire de Paris. Lors de l’inauguration de l’exposition, elle se produiront en concert en interprétant de la musique française au temps de l’Art nouveau.
Infos pratiques :
Hector Michaut, ébéniste oublié de l’Art nouveau
Exposition à voir à la Ferme du Charmois à Vandœuvre du 7 au 31 octobre les vendredi, samedi et dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h.
Vernissage le 7 octobre avec à 17h une conférence de l’historien de l’Art Frédéric Descouturelle et à 18h un concert d’Anne Billant au piano et d’Isabelle Billant à l’alto.